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Patrimoines de La Rivière
10 septembre 2008

"Dossier : La pompe à incendie du village, 1874"

A l’automne 1866 (nuit du 23 au 24 septembre), le village de La Rivière connaît un impressionnant incendie. Ses causes sont longtemps demeurées mystérieuses, elles ne le sont plus (nous publierons une notice) ; on incrimina l’étranger, le passant, l’autre… On se trompait. Reste que la quasi-totalité des habitations est détruite.

 

Devant l’ampleur du drame, les pompiers de Tullins, Vinay, l’Albenc, ainsi que les ouvriers de la fonderie de canons de Saint-Gervais sont appelés à la rescousse. En cette fin de XIXème siècle, les voies de circulation sont moins carrossables que de nos jours, et malgré l’importante mobilisation, la longueur des trajets n’a pu être qu’un facteur aggravant du sinistre.

 

Au lendemain du drame, seules quelques maisons se dressent encore au milieu des ruines, dans lesquelles on relève un mort, des blessés. De nombreuses familles ont tout perdu.

 

Passée la longue période de reconstruction où la plus grande solidarité se manifesta entre les habitants, le conseil municipal, tirant les leçons de cette catastrophe, décida l’acquisition d’une pompe à eau en 1873.

 

Sans que les archives communales l’attestent, il est probable qu’un groupe de volontaires ait été constitué préalablement à cette délibération, afin de prévenir la survenue d’un nouvel incendie dévastateur.

 

Le maire, Mr. RICHARD, et son conseil s’adressent à la Maison BOUCHARD à Lyon, « Fondeur et tourneur sur cuivre en tous genres – Spécialité de pompes à incendie », qui expédia la commande dès le 24 février 1874, « par chemin de fer petite vitesse ».

 

Du point de vue historique, la première pompe à bras apparait dès 1611 en France. Elle restera en activité dans les grandes compagnies de Sapeurs-pompiers jusqu’à l’invention de la pompe à vapeur à l’extrême fin du XIXème. Viendra ensuite la pompe hydraulique que nous connaissons encore.

 

Toutefois, dans les villages comme La Rivière, la pompe à eau demeura utilisée jusque dans les années 1950.

 

Son fonctionnement, comme son maniement et son entretien, sont extrêmement simples, ce qui explique sans doute la longévité de son emploi.

 

Il s’agit d’une cuve dans laquelle se trouvent deux pistons mus alternativement par un double levier, lui-même actionné par quatre gaillards volontaires.

 

Elle peut être tirée à bras d’hommes ou bien attelée pour la mener dans les communes voisines. Enfin, elle est alimentée par une chaine humaine organisée pour passer les seaux et remplir la cuve.

 

Il est remarquable que ce modèle de pompe n°2 de chez BOUCHARD soit déjà équipé d’une lance en cuivre et de huit mètres de tuyaux en cuir cloué, alors que la plupart des autres modèles disposent encore de lances en chanvre (donc particulièrement inflammable). Mais le souvenir du drame de 1866 imposait de ne pas lésiner sur la dépense.

 

Dans un état de conservation remarquable, tout aussi remarquablement restaurée par l’atelier Arc Nucléart (CEA, Grenoble), cette pompe à bras est de couleur sombre. Le détail ne doit pas surprendre puisque le vert foncé est demeuré la couleur des Sapeurs-pompiers de Paris jusqu’en 1885, date à laquelle cette compagnie acheta des engins en Angleterre, lesquels étaient peints en rouge. L’effet sur la population fut si saisissant que l’usage perdura.

 

Témoin de l’histoire de La Rivière, cet objet émouvant doit appeler au souvenir de tous ceux qui l’actionnèrent pendant des décennies comme Pompiers volontaires et dont le souvenir se perd année après année.

 

Que ce souvenir renaisse dans les yeux de qui le contemple : objet d’histoire, cette pompe à bras est aussi objet de vie.

Photo de la pompe :

Pompe_incendie

Affichez le bon de commande de la pompe à incendie – modèle n°2 – année 1874 (Maison BOUCHARD – 42, rue de la Charité – Lyon) :

 Facture

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